L'invité d'honneur 2022

Dessinateur de la première heure pour Fluide Glacial aux côtés de son ami Gotlib, avec lequel il créa entre autres la série "Superdupont", Jean Solé expose plusieurs planches lors de Chaville en BD. Il y présente aussi se dernière œuvre, "Boiseries".

Pour Jean Solé, "la retraite, ça n'existe pas"

Outre la série "Superdupont", Jean Solé est aussi connu pour ses créations autour du rock, ainsi que pour ses créations pour des couvertures de magazines ou d’affiches de films, dont celle du Père Noël est une ordure.

Lors de Chaville en BD, il présentera sa dernière œuvre, Boiseries, une idée insolite qui lui est venue pendant le confinement.

À partir de mystérieuses plaques de bois (reliquat d’emballage de fromage), Jean Solé a l’idée de détourner cette matière première tout à fait banale en de magnifiques créations artistiques.

Cette contrainte de forme lui permet d’exprimer toute son originalité et son talent graphique.

Son interview parue dans Chaville Magazine

Comment est né votre dernier ouvrage Boiseries ?

C’est une idée saugrenue qui m’est venue pendant le confinement. Je suis parti de petites plaquettes en bois qui servaient de support à fromage, sur lesquels j’ai commencé à improviser. Et, de fil en aiguille, j’ai créé plein de dessins dont beaucoup sont inspirés du monde animal.

Actuellement, je travaille sur un projet d’Abécédaire, forcément un peu déconnant.

Justement l’humour, la "déconne" ont toujours été au cœur de vos créations. Quel regard portez-vous sur la BD actuelle ?

C’est un secteur qui s’est beaucoup diversifié. Quand je suis arrivé dans ce milieu, la BD était très mal considérée. Avec Fluide Glacial ou encore L’Écho des Savanes, qui parlaient de politique ou de sexe, nous avons contribué à la faire rentrer dans le monde adulte.

Aujourd’hui, c’est devenu un média très riche avec dans des styles très variés, une grosse production où il arrive sans cesse du sang neuf. Et l’humour y occupe toujours une place importante.

Votre œuvre est marquée par des productions très différentes, entre Superdupont, vos illustrations sur le rock, le monde animal ou le logo du Guide du Routard...

Certains vont travailler sur un seul univers toute leur vie, moi, au contraire, j’adore me disperser, passer d’un projet à un autre sans aucun lien entre les deux.

J’ai l’habitude de dire que je suis un dessinateur de variétés. Sur ma planche, il y a plein de clous. Suivant mon humeur du jour, je vais changer de clou. Pour la musique, c’est un peu comme le dessin, je suis tombé dedans quand j’étais petit, enfin surtout quand j’ai vu les Beatles en 1964.

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur votre carrière ?

C’est un vrai conte de fées ! Je fais ce que j’ai toujours aimé faire. Enfant, je dessinais sans savoir que l’on pouvait en vivre. Heureusement, j’étais mauvais à l’école, sinon mes parents m’auraient plutôt vu tourneur-fraiseur. Pour eux, dessinateur n’était pas un métier.

Et regardez aujourd’hui, c’est merveilleux. Je me lève le matin et je suis à mon bureau en deux minutes. Pas besoin de cravate, pas de bouchons... Bien sûr, j’ai beaucoup travaillé, mais je me suis aussi beaucoup amusé. Pour moi, la retraite ça n’existe pas. J’ai hâte de continuer.