L'invité d'honneur 2021

Auteur de BD et illustrateur réputé, Charles Berberian revient avec "Les amants de Shamhat" et expose les plus belles planches de son livre "Une époque fantastique".

Charles Berberian, un grand nom de la BD

Charles Berberian a vu ses premières bandes dessinées publiées à la fin des années 1970 dans des fanzines.

En 1983, il rencontre Philippe Dupuy. Dès lors, leurs signatures deviennent indissociables. On leur doit les séries Le Journal d’Henriette, Boboland ou Monsieur Jean, pour laquelle ils ont obtenu le Grand Prix de la ville d’Angoulême en 2008.

En solo, Charles Berberian est l’auteur de Playlist et Sacha. En 2020, il a sorti Une époque fantastique aux éditions du Chêne, réalisée durant le confinement et dernièrement Les amants de Shamhat, édité par Futuropolis en lien avec le Louvre.

Charles Berberian livre un récit d’une rare beauté, plein de poésie, d’onirisme, teinté d’humour et d’érotisme ! Une véritable épopée graphique et poétique.

Son interview parue dans Chaville Magazine

Vous êtes l’invité d’honneur de cette 5e édition de Chaville en BD. Qu'est-ce que cela représente quoi pour vous ?

Ça fait toujours plaisir ! Et encore plus lorsque je vois la lignée artistique des auteurs qui m’ont précédé à Chaville. C’est un honneur de me retrouver ainsi rangé sur la même étagère que Loustal.

Vous avez grandi en Irak puis à Beyrouth,quelles étaient vos lectures ?

En Irak, les seules BD que l’on trouvait étaient les comics américains, Batman, Superman... En arrivant à Beyrouth vers l’âge de 9 ans, j’ai découvert la BD franco-belge, les Tintin, Astérix, Lucky Luke… Ça a été un réel choc. J’étais fasciné par les dessins de Giraud dans Blueberry. C’était complètement différent de la BD américaine. Là, je découvrais des auteurs, des personnalités aussi importantes que leurs personnages.

Et plus j’en apprenais sur eux, plus j’avais envie de tirer le fil de leurs créations. C’est comme ça que je me suis mis à lire les Cahiers de la bande dessinée et que je me suis jeté sur La Ballade de la mer salée d’Hugo Pratt.

Comment avez-vous débuté dans la BD ?

Très vite après mon arrivée en France vers 20 ans, j’ai essayé de placer des planches chez Pilote ou Métal hurlant, sans grand succès. Puis, j’ai commencé à faire des illustrations pour le journal Le Monde du dimanche.

C’est à ce moment que j’ai rencontré Philippe Dupuy lors d’une réunion au fanzine Band’à Part et qu’a débuté notre collaboration, qui s’est ensuite vraiment accélérée chez Fluide notamment grâce à Gotlib.

Que gardez-vous de cette fructueuse collaboration ?

Beaucoup de bonnes choses ! J’aime tout ce que l’on a pu produire ensemble en 10 ans, que ce soit Monsieur Jean, Henriette, Le journal d’un album, Petit Peintre… On travaillait en pleine osmose.

Et puis nos vies ont changé. Moi, je faisais de plus en plus de musique, notamment avec Jean-Claude Denis, tandis que lui se tournait davantage vers l’art contemporain.

Quel regard portez-vous sur le monde de la BD ?

La meilleure époque de la BD, c’est maintenant ! Et c’est grâce à des auteurs comme Goscinny, Giraud, Pratt ou Tardi dont l’originalité a permis à la nouvelle génération de prendre confiance et de proposer un nouveau rapport au dessin. Cela donne aujourd’hui une offre très riche, aussi agréable à lire qu’à regarder.

Quelle est votre actualité ?

Je viens de sortir en septembre l’album Les Amants de Shamhat aux éditions Futuropolis. Je présenterai également à Chaville des planches d’Une époque fantastique que j’ai finalisées pendant le premier confinement. J’y dépeins notre époque avec tous ses excès.

J’ai également réalisé les illustrations de Mon père est un super héros sur les textes d’Arnaud Catherine, paru début octobre 2020.

Côté musique, j’ai enregistré en début d’année au studio Ferber une nouvelle version de l’album Tout pour le mieux, sorti en 2019 et accompagné de 60 dessins originaux.

Chaville Magazine n° 164 - Novembre-Décembre 2021